Absolument toutes les majorités depuis plus 20 ans ont promis un permis de conduire auto moins cher. Derrière les annonces relayées par les médias généralistes, le permis de conduire est devenu en réalité toujours plus complexe et plus cher à obtenir. Le gouvernement Philippe après sa mystification pour la mesure très controversée des 80 km/h, déclencheur en partie il faut bien le reconnaître, d’une révolte populaire replaçant la mobilité au cœur des enjeux de société reproduit la très vielle promesse « foireuse » d’un permis de conduire moins cher.
De 5 à 10 heures de simulateur sur les 20 obligatoires
Première surprise, dans les 10 mesures annoncées il n’y en a juste une petite pour le cas général de l’apprentissage dans la filière traditionnelle (en auto-école) et pour un permis de conduire auto « normal » pour boîte mécanique, à savoir le développement de l’apprentissage sur simulateur. Les candidats pourront effectuer désormais 10 heures de pratiques (et non plus 5) au maximum sur simulateur. Mais un simulateur moderne et efficace coûte une petite fortune, ils sont donc encore peu répandus, alors une possibilité de "suramortissement" fiscale accompagne la mesure pour les auto-écoles et alors même que le secteur est déjà financièrement fragilisé, il n’est pas certain de l’efficacité de cette mesure. L’apprentissage sur simulateur a très mauvaise réputation auprès des élèves qui le trouve très éloigné de la réalité et il n’est absolument pas certain que le nombre d’heures de pratique en réelle soit réduite au final.
Favoriser la boîte automatique
La plus grande mesure dans les annonces gouvernementales est de favoriser le permis boîte automatique. Il est évident que cette technologie est celle l’avenir, mais il est trop tôt pour la généraliser. En réalité, le permis boîte automatique est certes plus facile avec 13 au lieu de 20 heures de pratiques obligatoires, mais encore trop restrictif pour les nouveaux conducteurs sur la prochaine décennie. La majeure partie des petites voitures économiques et urbaines récentes restent avec une boîte mécanique et sans parler des voitures d’occasion majoritairement utilisées par les nouveaux conducteurs. Attention également à l’utilisation professionnelle d’un permis de conduire, les véhicules de société, de location et les utilitaires restent très largement avec une boîte de vitesses mécanique. Attention enfin, il faut aussi trouver une auto-école qui dispose d’une voiture d’apprentissage boîte automatique qui est beaucoup moins répandue que celle à boîte mécanique. Certes le permis automatique est plus facile et donc moins cher, mais il n’est absolument pas la solution universelle pour réduire véritablement les coûts d’un permis de conduire en 2019. En réalité, le législateur dépoussière la passerelle qui existait déjà pour transformer un permis boîte automatique (avec un code restrictif 78) en permis B normal permettant de conduite toutes les voitures. Le délai pour suivre la formation de 7 heures (donc 13 + 7) est ramené de 6 à 3 mois après l’obtention du permis « automatique ».
Exit la conduite à 17 ans
Évoquée dans le rapport parlementaire préparatoire, la possibilité de conduire en autonomie à 17 ans passe évidemment à la trappe. Cette possibilité pour les jeunes en besoin de mobilité a donc été oubliée. Pourtant nos jeunes possèdent indéniablement la maturité nécessaire à cette possibilité. Cette mesure aurait eu l’effet positif de la motivation. Au lieu de cela, notre gouvernement offre la possibilité uniquement de passer l’examen du permis de conduire à 17 ans et pour ceux issus de la filière AAC conduite accompagnée. Auparavant la possibilité de passer l’examen était « offerte » à 17 ans et demi et toujours sans la possibilité de conduire en autonomie à partir de 18 ans.
En réalité avec cette mesure, le gouvernement modifie juste de six mois la possibilité de passer l’examen pour l’AAC. Il règle en trompe-l’œil son incapacité à offrir des places d’examen au moment où les candidats en ont réellement besoin. En résumé, ce n’est pas plus le service public qui répond aux demandes des usagers, mais les usagers qui s’adaptent encore un plus aux contraintes de l’administration.
En réalité avec cette mesure, le gouvernement modifie juste de six mois la possibilité de passer l’examen pour l’AAC. Il règle en trompe-l’œil son incapacité à offrir des places d’examen au moment où les candidats en ont réellement besoin. En résumé, ce n’est pas plus le service public qui répond aux demandes des usagers, mais les usagers qui s’adaptent encore un plus aux contraintes de l’administration.
Les autres mesures sont pour plus tard...
De plus, le package d’annonce est à tiroir avec des applications reportées à… plus tard. Comme le livret de formation numérique juste expérimenté à partir de 2020 et alors qu’il a déjà été mal refait dans les 5 dernières années. Autre « prévision » la mise en place d’un comparateur d’auto-école pour les candidats ou favoriser les permis en conduite supervisée et encadrée, les filières ACC pour les plus de 18 ans. Notre législateur promet également la gratuité du Code (formation et un examen à 30 euros) pour les volontaires du SNU qui n’excite pas vraiment nos têtes blondes.
Un aveu de responsabilité dans la cherté du permis également
Les annonces promettent bien évidemment de moderniser (enfin) les épreuves du permis de conduire. Dans le détail, malheureusement il s’agit en réalité de moderniser juste l’inscription à l’épreuve pratique, en permettant aux élèves de s’inscrire directement. La mesure rentrera en expérimentation en 2020 pour l’Aude, la Haute-Garonne, le Gers et l’Hérault. Mais la meilleure est pour la fin, en effet la dixième et dernière mesure promet « Adapter les questions du Code de la route aux publics et aux enjeux de sécurité routière » en renouvelant la banque de questions en veillant à ce que ces questions soient intelligibles et claires. Sic !, mais vous avez bien lu. Refaite en mai 2016, la base des mille questions (950 précisément avait alors occasionné un tôlé général avant d’être très édulcorée.
L’avis de Permis Pratique
Que l’État semble défaillant, mais toujours plus arrogant en matière de droit à la conduite automobile.
Les dix mesures annoncées
Mesure 1 : Gratuité du code (formation et examen) pour les volontaires SNU.
Mesure 2 : Développer l’usage du simulateur de conduite dans la formation.
Mesure 3 : Développer l’apprentissage de la conduite sur boîte automatique.
Mesure 4 : Favoriser l’accès à la conduite supervisée.
Mesure 5 : Développer l’accès à la conduite encadrée.
Mesure 6 : Moderniser l’épreuve pratique.
Mesure 7 : La mise en place d’une plateforme gouvernementale dédiée au choix de son auto-école.
Mesure 8 : La création d’un livret de formation numérique pour suivre la progression du candidat.
Mesure 9 : Abaisser l’âge de passage de l’examen dans le cadre de l’apprentissage anticipé de la conduite.
Mesure 10 : Adapter les questions du Code de la route aux publics et aux enjeux de sécurité routière.
Les dix mesures annoncées
Mesure 1 : Gratuité du code (formation et examen) pour les volontaires SNU.
Mesure 2 : Développer l’usage du simulateur de conduite dans la formation.
Mesure 3 : Développer l’apprentissage de la conduite sur boîte automatique.
Mesure 4 : Favoriser l’accès à la conduite supervisée.
Mesure 5 : Développer l’accès à la conduite encadrée.
Mesure 6 : Moderniser l’épreuve pratique.
Mesure 7 : La mise en place d’une plateforme gouvernementale dédiée au choix de son auto-école.
Mesure 8 : La création d’un livret de formation numérique pour suivre la progression du candidat.
Mesure 9 : Abaisser l’âge de passage de l’examen dans le cadre de l’apprentissage anticipé de la conduite.
Mesure 10 : Adapter les questions du Code de la route aux publics et aux enjeux de sécurité routière.